30 janvier 2010

Je nais



Comme un fruit au bout d'une branche je m'accrochais, contemplant les autres fruits qui avait pris vie avant moi, eux qui étaient si beaux, si rouges, si juteux. Je voulais à tel point leurs ressembler que j'en oubliais ma situation présente, celle d'un simple bourgeons fleurissant sur mon arbre.
Bientôt je devenais plus grand et ma peau plus brillante, et pourtant j'étais toujours le bourgeon fleurissant, mais dans mon apparat c'est maintenant moi qu'on enviait. Quand les fruits rouges que je contemplait jadis s'en furent; c'est moi qui devint le sujet de toutes convoitises.
Mais la convoitise ne perdure pas plus que ma peau rouge, et celle-ci déjà commence a sentir le poids de ma chair. Les feuilles qui me protégeaient encore ce matin sont désormais à terre, et moi je fatigue, je n'y comprend rien. Moi je ne suis qu'on bourgeon, mais je ne fleuris plus. Et la branche qui toujours m'a porter semble ne plus pouvoir le faire, à moins que ce ne soit moi qui ne sache plus m'accrocher.
Ça y est, je m'envole, je m'en vais découvrir le monde ! Mais ? Pourquoi le vent ne me porte-t-il pas ? Pourquoi le sol se rapproche comme ça ? Je ne peux pas finir, je viens de commencer. Où est la vie promise que la branche m'a donnée ? Elle ne peut s'être déjà écoulée ! Je ne suis qu'un bourgeon ! Ma vie ne peut être finie ! La saison commence juste, pourquoi ai-je si froid ? Je ne suis qu'un bourgeon, je ne m'écraserai pas ! Je ne suis qu'un bourgeon, la vie m'épargnera ! Je ne suis qu'un bourgeon... Je ne suis qu'un bourgeon.

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