22 juin 2012

Passage de Sous le regard vide de la lune

    Elle était là, dans la rue et au milieu des gens qui passaient, arrivée de nulle part.
J’étais là, je ne sais pas où, et je la regardais, et je l’écoutais.
La contrebassiste ne venait de nulle part. J’en jurerais, elle n’appartenait pas à la réalité. Elle semblait si impossible, là, le piquet de son gigantesque instrument planté dans la boue qui liait son monde à celui-ci. Elle était si impossible. Elle était si… vraie.
À ce moment j’étais bien incapable de dire qui j’étais et à quoi ressemblait la vie autour. Il n’y avait plus que cet instant et je le jure, il était infini. Le monde s’est arrêté à ces notes, tellement profondes que mon âme vibrait.
J’étais fasciné par ses paupières fermées qui ne se souciait de rien. Avait-elle conscience de ce qu’il y avait autours ?
Elle était si libre.
Une larme a brûlé mon visage. J’avais envie de rire mais je n’osais qu’à peine respirer. Mes mains étaient moites et mes doigts tremblaient.
Chaque corde qu’elle tirait était comme mille coups dans mes entrailles. Elle laissait glisser sa tête sur chaque nuance et les notes s’emmêlaient à ses cheveux.
Ses notes qui devenaient si puissantes qu’elles étaient des vagues qui me reversaient et me relevaient. Qu’à chacune d’elles j’ai cru mourir puis revenir à cet instant hors de la vie.
Je n’avais de toute mon existence rien vu d’aussi beau et je le sais, ne verrai plus rien de tel.
Que  ce moment ne s’arrête jamais !
Je n’avais pas compris le mot béatitude. Aujourd'hui, je le tremblais.
Nos vies à cet instant, avaient plus de sens que jamais plus elles n’en auraient.

Puis elle est partit.
J’ai voulu la suivre. De tout mon être j’ai voulu lui parler. Mais je n’ai pas osé.
Je suis resté là. Assis dans la boue. À fixer l’endroit par lequel elle s’était en aller et qui était maintenant vide.
Je n’ai pas osé…

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